Quand on part en voyage et qu’on le prépare à deux, on n’imagine pas ce que cela peut donner si on devait en plein milieu se retrouver tout seul. Certains vous diront que c’est ce qui fait la beauté de notre vie, rien n’est acquis tout peut changer, mais c’est aussi une profonde angoisse qui peut vous faire tomber bas quand cela vous touche. Plus haut étant votre degré de certitude, plus basse sera votre chute.
L’éventualité qu’un jour mon ami puisse partir et me laisser m’avait déjà traversé l’esprit. Surtout depuis que je savais que sa petite amie n’allait pas bien et qu’il devenait inéluctable qu’il faille pour lui rentrer en France « temporairement ». Enfin, c’est ce que je pensais. Berné par ma vision optimiste, j’ai voulu croire en son discours de retour. Plus dur le retour à la réalité. Pourtant, dans ces moments là il faut relativiser. Plus facile à dire qu’à faire. Il faut comprendre notre amitié pour savoir ce qu’elle m’apportait lors de ce trip.
Retour sur la source cette amitié
Elle s’est construite sur le tard dans notre école de journalisme sur Paris. D’abord 6 mois sans trop se parler. Parce que nous n’avions jamais eu l’occasion et ensuite car nos caractères apparents étaient aux antipodes l’un de l’autre. Grégoire, qui malgré une évidente timidité, dégage une certaine classe et un aura naturel dés qu’on le voit. On s’imagine tout de suite quelqu’un avide de culture et de calme. Quelqu’un qui semble trop réfléchi pour venir engager la discussion avec une personne plus extravertie. Ce qui est mon cas. Moins calme, plus dans la discussion, qui dégage certainement moins de certitudes et une vie plus agitée. D’un côté un journaliste au style écrit et de l’autre celui au style oral. Ce qui tombe bien c’est que notre école alliait les deux et a fini par nous réunir. Projet en commun, fou rire, découverte l’un de l’autre autour de ces travaux, chacun a jugé que l’autre pouvait lui apporter.
Plus étonnants, nous nous sommes même trouvé des points en commun en dehors du journalisme. Une même vision de la vie, une envie de parler de tout et de rien, quelques pulsions communes et un caractère bien trempé des deux côtés. Une amitié qui s’est nouée en dehors des cours, elle nous a accompagnés pendant un an et demi dans notre vie étudiante sur Paris. Lors d’un verre en terrasse, dans des soirées animées, pendant les matchs de foot ou encore autour d’une partie de poker. Une vraie amitié ou chacun offre à l’autre. Il m’a apporté son épaule pour me soutenir après la rupture avec mon ex. Je lui ai apporté l’amour de sa vie. Sachant cela et notre projet commun de partir à l’aventure après notre Master, nos projets de voyage se sont vite liés pour en arriver à partir ensemble en Australie. Trois mois de travail ensemble pour financer le voyage, trois mois à imaginer le road trip australien. Jusqu'à notre arrivée en Australie et ces supers mois ensemble… avant ce départ anticipé.
Savoir relativiser
Maintenant que vous connaissez l'histoire de notre amitié, peut être réussirez vous à comprendre ce que cette perte a entrainé chez moi dans un premier temps : tristesse, colère, déception et une énorme envie de tout claquer ! À quoi bon continuer un voyage où tout a été fait commun. En commençant par les biens matériels (voiture et tout ce qu’il faut pour voyager), le projet, les rencontres. En plus, il faut rajouter au-delà de la solitude, l’handicap financier. Il m’a fallu un peu de temps pour digérer et réussir à prendre du recul sur cette situation.
Aujourd’hui je relative d’abord vis-à-vis de moi même : l’Australie mérite qu’on s’y attarde et qu’on aille la visiter, même seul. J’ai encore tout ce qu’il faut pour voyager. Je peux résoudre mes problèmes de solitude et financier en voyageant en lift pour partager. C’est une bonne occasion de tester mes limites. Comprendre qui je suis et ce que je veux vraiment. Je dois me débrouiller seul, mais à l’inverse je peux apprendre deux fois plus vite ! Donc j’ai les cartes en mains, à moi de les jouer.
Ensuite, je relativise son attitude que je considérais en effet comme une « trahison ». Il n’a jamais été question d’égoïsme dans ce départ. Cela ne reflète pas l’homme et surtout pas l’ami que je connais. Comme il me l’a soigneusement expliqué dans un message qui était à mi-chemin entre mea-culpa et un message d’encouragement, ses dernières attitudes en Australie et son retour anticipé viennent d’un mal profond. Le coeur brisé par celle qui l’aime et qui ne peut tenir sans lui. C’était rester à mes côtés sans être là ou revenir pour vivre. Oui je comprends ce choix maintenant à défaut de totalement l’accepter.
Je suis prêt à continuer, la preuve en est cet article qui me permet d'écrire mes états d'âme et de passer à autre chose. Je souhaite bonne continuation à mon ami. Il est temps d’entreprendre chacun notre route en évitant les regrets. Le temps des retrouvailles viendra plus tard.
Take care.